catalogue

Hymnes Spéculatifs


opus

312

date de composition

1996

création

1996, auditorium des Halles, par Hanna Schaer et l'ensemble Musique Oblique

formation

Voix, clarinette, cor, violoncelle et piano

détails
  • 88 pages
  • durée: 37 mn
  • texte: Extraits des Védas dans la traduction anglaise de Sri Aurobindo.
écouter un extrait

Dédié à Rémi Lerner “en témoignage de ma gratitude pour sa confiance”.
Commande de Musique Nouvelle en Liberté et de l’ensemble Musique Oblique.
Manuscrit à l’encre, très lisible.
Présentation OG:
J’ai composé les Hymnes spéculatifs à la demande de l’Ensemble Musique Oblique, d’octobre 95 à mars 96. Il s’agit d’un cycle de cinq pièces pour voix soliste, clarinette, cor, violoncelle et piano. Pour cette œuvre, je me suis appuyé sur des extraits d’hymnes du Rig-Veda, une des Écritures sacrées les plus anciennes de l’Inde – remontant à plusieurs milliers d’années avant notre ère –, dans la splendide traduction anglaise qu’en a réalisé le grand philosophe indien du XXe siècle Sri Aurobindo.
La dimension, la profondeur, l’hermétisme et la diversité de ces textes ont permis qu’au fil des siècles toutes les interprétations possibles en soient suggérées. Leur très grande richesse symbolique fait qu’elles sont probablement toutes acceptables… Quoi qu’il en soit, nous avons affaire ici à des textes qui sont à la fois des écrits ésotériques destinés à la méditation de quelques initiés et à des hymnes propitiatoires prévus pour accompagner le rituel religieux. J’ai tenu, pour cette dernière raison, à placer en exergue de ma partition une citation de Platon, extraite des Lois : “ Les prières aux dieux constituaient une espèce de chant, on les appelait des ‘hymnes’.” Mais quelle qu’ait été leur vocation initiale, ces textes demeurent pour nous le témoignage irremplaçable, empreint d’une poésie, d’un lyrisme et d’une démesure proprement visionnaires, d’un temps où dieux et hommes dialoguaient d’égal à égal.
Le premier, second et quatrième volets de ce cycle se présentent comme des appels à l’Éveil spirituel, adressés successivement à la Volonté (comment ne pas songer ici à Schopenhauer, lecteur féru des Ecritures hindouistes ?), à l’Aube et au dieu du feu : Agni. Le troisième invoque la figure archétypale de la Mère, tandis que le cinquième est un hymne de contemplation des choses célestes.
Sur le plan musical, l’œuvre se présente comme un cycle, dans tous les sens du terme. En premier lieu, les Hymnes spéculatifs sont un tout, dont aucun des volets qui le composent ne saurait être isolé. Ensuite l’œuvre est un cycle au sens premier que donne de ce terme le dictionnaire, c’est-à-dire “une période où des phénomènes se reproduisent à intervalles réguliers”. En effet, l’œuvre semble “rouler” sur elle-même ; ses quatre premiers volets annonçant le cinquième (qui, du reste, les récapitule tous) autant que celui-ci ramène imperceptiblement l’auditeur au premier. Enfin, l’œuvre est un cycle au sens franckiste du terme, qui s’applique à une partition dont les différents mouvements sont traversés par des éléments communs. Mais ici, nous n’avons pas affaire qu’à quelques phénomènes musicaux ponctuels, aussi cohérents soient-ils. L’unité spirituelle et émotionnelle des cinq parties de l’œuvre est telle qu’elle a généré un réservoir commun d’éléments motiviques, harmoniques et rythmiques qui fait parfois se confondre les différents mouvements de l’œuvre les uns avec les autres, ou donner le sentiment – justifié, d’ailleurs – qu’ils se sont engendrés les uns les autres.
Peut-être dans l’intention (inconsciente) de rendre ces textes immortels plus proches de l’auditeur actuel, j’ai donné des sous-titres aux trois derniers mouvements de mon cycle : “Berceuse cosmique”, “Petit concert terrestre” et “Petit concert céleste”.